Excellence Madame la Vice-Ministre des Congolais de l’Etranger,
Mesdames et Messieurs les Secrétaires Généraux,
Mesdames et Messieurs les Fonctionnaires et Cadres du Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale,
Chers participants,
Distingués Invités,
Je suis particulièrement heureux de m’adresser ce jour aux Ambassadeurs et Chefs de Mission Diplomatique qui représentent notre pays à l’étranger pour relever avec eux les problèmes relatifs au fonctionnement des missions diplomatiques et de notre Ministère.
Permettez-moi, avant de poursuivre mon propos de vous saluer tous et de rendre un vibrant hommage à Leurs Excellences Messieurs les Présidents de la République, Chef de l’Etat et le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, pour l’heureuse initiative qu’ils ont prise d’organiser cette Conférence.
- Je voudrais également saisir cette occasion pour remercier les cadres et agents du Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale et à travers eux, les Ambassadeurs et Chefs de Mission diplomatique ainsi que tous les diplomates congolais en poste à l’étranger pour les efforts qu’ils ne cessent de consentir pour porter haut la flamme de notre pays en dépit de conditions de travail très difficiles.
Je félicite enfin l’ensemble du bureau et tous les membres du Comité organisateur qui n’ont ménagé aucun effort pour mettre à la disposition de la Conférence les instruments de travail qui serviront de support à nos réflexions.
Mesdames et Messieurs,
Les présentes assises ont pour thème principal « De la diplomatie de paix et du développement ». Comme vous pouvez l’imaginer, ce thème traduit le souci qui anime tous les Congolais et particulièrement le Chef de la diplomatie congolaise, Son Excellence Monsieur le Président de la République, Chef de l’Etat qui a, depuis son avènement à la magistrature suprême, manifesté la volonté de voir la diplomatie congolaise jouer un rôle actif dans les affaires internationales et une détermination sans faille à améliorer les rapports de coopération avec ses partenaires, sans aliéner son indépendance politique.
Et lors de son discours d’investiture du 06 décembre 2006 après les élections libres et transparentes, le Président de la République, Chef de l’Etat est revenu sur cette vision dynamique de nos relations internationales et s’est engagé à promouvoir une diplomatie de paix et de développement en lieu et place d’une diplomatie de simple représentation.
Notre communication de ce jour portera essentiellement sur :
1. Etat des lieux ;
2. Résultats attendus ;
3. Rappel des instructions et principes déontologiques.
Mesdames et Messieurs,
Avant d’entrer dans le vif du sujet, permettez-moi d’expliciter sans entrer dans les détails, en quelques mots ce qu’il faut entendre par la diplomatie de paix et de développement.
En effet, la diplomatie de paix et de développement suppose :
1. la nécessité et l’obligation de suivre l’évolution des problèmes politiques, juridiques et économiques du monde, d’en analyser les conséquences et les répercussions sur le pays au regard de ses intérêts fondamentaux, de négocier avec les partenaires étrangers les accords cadre de coopération et de gérer les relations de coopération économique ;
- 2. la nécessité d’assurer la défense des intérêts des Congolais de l’étranger, de faciliter leur réinsertion dans la vie nationale et leur pleine participation au développement du pays afin de promouvoir son rayonnement dans le monde ;
3. la participation de la République Démocratique du Congo au concert des nations basée sur le respect des principes directeurs découlant de la Charte des Nations Unies et de l’Acte Constitutif de l’Union Africaine notamment le bon voisinage, la vocation africaine, l’ouverture au monde sans exclusive, la coopération internationale, régionale ou sous-régionale mutuellement avantageuses, le règlement pacifique des différends, le non recours à la force, le respect de l’intégrité territoriale, la redynamisation et la modernisation de l’outil et des méthodes de travail en vue de les adapter aux exigences de la mondialisation.
4. la nécessité de définir une politique efficiente de placements des cadres congolais dans les Organisations internationales susceptibles d’influencer sur le développement du pays ;
5. la nécessité d’une rationalisation dans le choix des organisations auxquelles le pays doit adhérer.
Au regard de missions évoquées ci-haut, il y a lieu de s’interroger si, aujourd’hui, la diplomatie congolaise est en mesure de les assumer d’une manière satisfaisante.
Mesdames et Messieurs,
Voilà pourquoi il s’avère impérieux de faire l’état des lieux sans complaisance de la gestion de notre diplomatie.
I. Etat des lieux
Comme l’a relevé le Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale dans son allocution d’orientation de ces assises, notre appareil diplomatique traverse une situation difficile caractérisée par un dysfonctionnement et une mauvaise gestion des missions diplomatiques dues notamment aux facteurs suivants : - parachutage, affectations anarchiques et pléthoriques des diplomates ne tenant pas compte pour la plupart des critères objectifs de qualification et de compétence, affectations opérées souvent en violation des dispositions statutaires et règlementaires qui régissent le Corps de diplomates ;
- recrutements anarchiques des engagés locaux qui alourdissent les charges des missions diplomatiques ;
- tribalisme, népotisme et monnayage dans les affectations
- incompétence et affairisme des diplomates ;
- clochardisation des diplomates due au non versement ou au versement tardif et/ou irrégulier des frais de fonctionnement, des loyers et à l’accumulation des arriérés des salaires ;
- esprit des cabales, d’intrigues et des querelles intestines permanentes entre les diplomates,
- mégestion des recettes générées par les actes de chancellerie ;
- production irrégulière des rapports politiques, diplomatiques et financiers ;
- impunité caractérisée et trafic d’influence ;
- sédentarisation généralisée aux postes d’attache due à la fois au manque de politique de rotation des effectifs et de moyens financiers conséquents ;
- absence de politique de placement des cadres congolais dans les structures des institutions internationales ;
- aliénation ou bradage du patrimoine immobilier de nos missions diplomatiques ;
- méfiance généralisée de Congolais de l’étranger vis-à-vis de notre appareil diplomatique.
Dans le même ordre d’idées, l’Administration Centrale qui aurait pu servir d’impulsion à notre diplomatie souffre également des mêmes maux. C’est pour remédier à cette situation qu’il a été décidé d’organiser cette conférence.
II. Résultats attendus
Mesdames et Messieurs,
Vous vous attendez sans doute à ce que je vous propose les pistes de solutions.
Considérant cependant que travail doit être fait au niveau des commissions, je préfère quant à moi insister sur les résultats que le Ministère qui entend redynamiser et rendre performante la diplomatie congolaise attend de cette conférence :
- Elaboration d’un chronogramme sur les actions essentielles à entreprendre par le Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale;
- Levée des options sur le maintien ou le regroupement de nos représentations diplomatiques et consulaires par zone géographique eu égard aux moyens financiers disponibles susceptibles de favoriser leur bon fonctionnement ;
- Levée des options sur le maintien, l’adhésion ou le retrait de certaines Organisations Internationales et Communautés Economiques Régionales ;
- Mise à jour des textes règlementaires régissant la carrière des diplomates et des agents consulaires en vue de la redynamisation du Corps des diplomates et de l’assainissement de l’appareil diplomatique ;
- Définition des structures et organigrammes des missions diplomatiques ;
- Mise en place des stratégies pour l’assainissement de la gestion financière des missions diplomatiques, notamment en ce qui concerne les recettes de la chancellerie, les salaires, les loyers et les frais de fonctionnement ;
- Elaboration d’une politique efficiente de placement des cadres congolais dans les Organisations internationales.
III. Rappel des instructions et principes déontologiques
Mesdames et Messieurs,
Je ne peux clore mon exposé sans rappeler quelques instructions et principes déontologiques bien connus de tous, mais souvent oubliés dans l’exercice de nos fonctions lesquels sont essentiels par le fait qu’ils sont censés guider notre action quotidienne.
Ces principes et notions déontologiques se dégagent de plusieurs dispositions légales d’ordre législatif ou règlementaire ayant trait au profil du diplomate à la Centrale qu’en poste, aux rapports humains et professionnels et au respect des instructions.
Ils découlent entre autre du Chapitre VIII de la loi n°81-003 du 17 juillet 1981 portant statut du Personnel de carrière des services publics de l’Etat telle que modifiée et complétée à ce jour.
Outre les obligations résultant de la Convention de Vienne de 1961 sur les relations diplomatiques et celle de 1963 sur les relations consulaires, le diplomate en tant qu’agent de l’Etat doit se caractériser par les qualités suivantes :
- sens élevé de patriotisme ;
- dévouement ;
- compétence ;
- qualités morales et qualification professionnelle ;
- intégrité et honorabilité ;
- un niveau avancé de culture général et la sociabilité ;
- sens poussé d’initiative ;
- loyauté ;
- esprit de collaboration ;
- respect de l’autorité hiérarchique ;
- dignité professionnelle.
Le Diplomate est en outre tenu à la politesse, tant dans ses rapports de service avec ses supérieurs, collègues ou subalterne que dans ses rapports avec le public.
Je ne peux cependant terminer ce chapitre sans relever l’état de relations humaines, caractérisé par un esprit de cabales, d’intrigue et de querelles intestines permanentes entre les diplomates.
Tel Chef de Mission bloque les droits des agents sans explications, certains s’autorisent sans autre forme de procès à saisir les salaires des diplomates et à les reverser dans le compte du Trésor.
Tel Chef de Mission délègue en son absence ses compétences à un collaborateur non qualifié, créant ainsi la frustration auprès des autres.
Tel autre enfin, sûr de ses appuis au pays, se distingue par une certaine arrogance et récuse même des équipes de contrôle en provenance de la Centrale.
Certains diplomates quant à eux, brillent par leur insubordination, par un colportage de faux bruits, par des intrigues de tout genre, mettant ainsi l’autorité du Chef de Mission à l’épreuve. Le même comportement est observé à la Centrale.
Je tiens à vous signaler que ce genre de comportement ne sera plus toléré étant entendu que seule la légalité et non la force doit guider vos rapports de service.
Le Chef de Mission Diplomatique doit être attentif aux préoccupations de ses collaborateurs lesquels lui doivent respect et obéissance dans le cadre des lois et règlements qui les régissent.
Le Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale aimerait que l’indiscipline qui a élu domicile dans notre diplomatie prenne fin pour que désormais nos missions diplomatiques jouent le rôle que le pays attend de chacune d’elles.
Mesdames et Messieurs,
Je vous invite donc à réfléchir sur tous les maux qui rongent notre diplomatie.
Au regard du tableau sombre ci-haut dépeint, je vous exhorte à vous mettre sans tarder au travail.
Et compte tenu du délai vous imparti et du volume de la matière, je vous propose comme approche méthodologique l’éclatement de la plénière en 4 Commissions suivantes :
1. Commission Politique étrangère, sécurité et Principes Directeurs ;
2. Commission Administrative, Budgétaire et Logistique ;
3. Commission Restructuration des Missions Diplomatiques et Postes Consulaires et leurs Cadres Organiques ;
4. Commission Diplomatie et Congolais de l’étranger.
Vous veillerez à ce que les groupes de travail soient de la taille d’une dizaine de personnes pour faciliter les débats et échanges.
Je vous exhorte donc à travailler d’une manière méthodique et dans un esprit d’ouverture et de convivialité. J’ai la nette conviction qu’à l’issue de ces travaux, notre diplomatie va retrouver ses lettres de noblesse.
Je vous remercie. - (fin de texte).
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