vendredi 22 février 2008

Conférence des Ambassadeurs : Allocution de la Vice-Ministre chargée des congolais de l'étranger

Excellences Monsieur le Vice Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, Mesdames et Messieurs les Fonctionnaires et Hauts Cadres du Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale,

Depuis plus d’une décennie le gros de la coopération des pays en voie de développement avec les pays industrialisés est passé par le biais des ONG, des Associations locales ou celles de la diaspora.

Pour rappel, le dialogue de haut niveau sur les Migrations Internationales et le Développement qui s’est déroulé du 14 au 15 septembre 2006 au sein de l’Assemblée Générale des Nations Unies, était chargé d’évaluer l’impact positif, des mouvements migratoires notamment en ce qui concerne le transfert des fonds et des compétences, la migration circulaire et les retours durables comme nouveaux outils au service de la coopération ou comme vecteurs du développement.

En clair, la question était de savoir comment transformer ce capital mouvant en gain ou plus précisément comment faire pour capitaliser ce potentiel humain, scientifique et économique que constituent les diasporas respectives de chaque pays.

Avec l’importance numérique de ses ressortissants à l’étranger, la République Démocratique du Congo dispose d’un réel potentiel humain, scientifique, politique et économique non négligeable.

Mais comment faire pour aider ces compatriotes à se réaliser pleinement et les amener à contribuer au développement de notre pays ?

Excellences Monsieur le Vice Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, Mesdames et Messieurs les Fonctionnaires et Hauts Cadres du Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale,

Dès son premier discours à la Nation le 26 janvier 2001, le Chef de l’Etat, Son Excellence Monsieur Joseph KABILA KABANGE, a clairement exprimé sa ferme volonté de voir la diplomatie congolaise jouer un rôle primordial dans l’amélioration de nos rapports de coopération avec l’extérieur sans aliéner notre souveraineté nationale en vue de nous aménager une place de choix dans la mondialisation.

Deux ans plutard, le 26 janvier 2003 cette fois là, à Lubumbashi, devant l’Assemblée Constituante et Législative, Parlement de Transition, le Président de la République déclarait déjà ceci : « puisque nous devons compter sur l’effort de chacun pour aller de l’avant, désormais, les Congolais de la diaspora seront davantage appelés à apporter leur contribution pour la reconstruction nationale et garder spirituellement et matériellement, un lien fort avec la Mère-Patrie.

En effet, Si les diverses diasporas de par le monde ont pu renforcer leurs pays d’origine, il est temps que la diaspora congolaise prenne conscience de son rôle afin de participer elle aussi à l’oeuvre de la reconstruction de notre pays ».

Peu avant le 2e tour de l’élection présidentielle, le Chef de l’Etat est revenu encore sur le rôle que nos compatriotes congolais de l’étranger sont appelés à jouer dans le processus de développement et de reconstruction de notre pays.


Après son élection à la magistrature suprême, lors de son discours d’investiture le 06 décembre 2006, Il s’est engagé à promouvoir une diplomatie de Paix et de Développement qui ferait des intérêts de la République Démocratique du Congo l'épicentre de nos relations internationales.

Tout récemment encore, dans son discours sur l’état de la Nation devant le Congrès, à l’occasion de l’an un de son investiture, comme pour rendre compte au peuple, Son Excellence Monsieur le Chef de l’Etat Joseph KABILA KABANGE a de nouveau insisté sur cette doctrine de Paix et de Développement devant être mise en œuvre en diplomatie. Il a ainsi rendu un hommage appuyé à un compatriote congolais vivant à l’étranger MUTOMBO DIKEMBE, pour ne pas le citer, pour son patriotisme et sa générosité après avoir réalisé un chef d’œuvre médical au pays, Il a appelé tous les autres compatriotes de l’étranger à suivre son exemple.

Excellences Monsieur le Vice Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, Mesdames et Messieurs les Fonctionnaires et Hauts Cadres du Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale

Cette préoccupation du chef de l’Etat rentre dans la droite ligne des mutations internationales sur les Migrations et le Développement.

En effet, L’Union Africaine de son côté, dans l’article 3(q) de l’Acte Constitutif adopté en février 2003, déclare que l’organisation « invitera et encouragera la pleine participation de la diaspora, en tant que partie importante de notre continent, à la construction de l’Union Africaine». Le premier semestre 2008 verra d’ailleurs la diaspora africaine devenir officiellement la Sixième Région de l’Union Africaine.

A la tribune du Forum Mondial sur les Migrations tenu à Bruxelles du 07 au 09 juillet 2007, le Secrétaire Général des Nations Unies, Monsieur Ban Ki-Moon rappelait à juste titre que : «depuis des décennies, le dur labeur de migrants solitaires a contribué à soustraire des familles et des communautés entières de la pauvreté. Leurs gains ont construit des maisons, fourni des soins de santé, équipés des écoles, jeté les bases d’activités commerciales. Ils ont constitué le lien humain dynamique entre les cultures, les sociétés et les économies.

Pourtant, ce n ‘est que récemment que nous avons tous commencé à comprendre non seulement combien les migrations internationales contribuent au développement, mais aussi combien des politiques intelligentes peuvent amplifier ces effets. [...]

Il faudrait donc examiner avec les transferts des salaires comment les pays d’origine peuvent tirer profit de l’abondance de compétences et de connaissances accumulées par les migrants. Comment les migrants, Médecins, Psychologues, Chercheurs, Economistes, qui ont réussi à l’étranger peuvent-ils aider à former la prochaine génération de médecins et autres dans leur pays d’origine. Comment peut-on servir le co-développement, et comment, par exemple, les pays développés qui recrutent du personnel hautement qualifié peuvent-ils acheminer une aide au retour vers les pays d’origine afin d’y appuyer [notamment] l’éducation ... » fin de citation.

Excellences Monsieur le Vice Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, Mesdames et Messieurs les Fonctionnaires et Hauts Cadres du Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale,

C’est pour matérialiser cette vision d’intégration des citoyens de l’extérieur dans le développement de leur pays d’origine que Son Excellence Monsieur le Président de la République Joseph KABILA KABANGE a décidé de renforcer les missions traditionnelles du Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale en créant le poste de Vice-ministre en charge des Congolais de l’étranger, qui a pour attributions :
la mobilisation des congolais de l’étranger pour le développement du pays et leur intégration à la vie nationale ;
l’identification, le recensement et le suivi des Congolais de l’étranger ;
la protection et la défense des droits, des intérêts et le séjour des congolais à l’étranger.

C’est ici le vrai sens du discours de Son Excellence Monsieur le Premier Ministre Antoine GIZENGA du 24 février 2007, lorsqu’il affirmait : « Nos compatriotes vivant à l’étranger ne devront plus se sentir orphelins de leur pays, grâce à l’existence au sein du Gouvernement, d’une Vice Ministre chargée désormais de leurs préoccupations et aspirations ».

Excellences Monsieur le Vice Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, Mesdames et Messieurs les Fonctionnaires et Hauts Cadres du Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale,

Invitée un peu partout, je suis allée à l’écoute de ces compatriotes.

J’ai côtoyé la misère des veuves, des divorcées et des coépouses abandonnées, assaillies par des problèmes de succession. J’ai échangé avec des étudiants, des policiers et des militaires en stage et non boursiers mais aussi avec des fonctionnaires impayés, des clandestins et des prisonniers et j’en passe.

Cependant, j’ai aussi rencontré des cadres compétents et expérimentés au sein des Institutions internationales dont la Banque Africaine de Développement, la Banque Mondiale, les Nations Unies et autres, d’éminents professeurs d’universités, des informaticiens de haut niveau, des sportifs de grande renommée, des architectes, des urgentistes et des riches chefs d’entreprises etc, bref d’énormes ressources non encore exploitées.

Excellences Monsieur le Vice Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, Mesdames et Messieurs les Fonctionnaires et Hauts Cadres du Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale,

Le Chef de l’Etat n’a jamais cessé de le souligner, dans plusieurs pays du monde, que l’apport des diasporas respectives a permis de faire décoller beaucoup d’économies.

L’attention aujourd’hui portée aux initiatives économiques de la diaspora s’inscrit ainsi dans une nouvelle dynamique de coopération des pays industrialisés. Car le Monde change et les instruments de coopération aussi.

Une étude récente de la Banque Mondiale a révélé que plus de 300 milliards USD ont été envoyés dans les pays en voie de développement par les immigrés travaillant dans les pays industrialisés en 2006, soit deux fois plus que l’aide à la coopération qui n’était que de 104 milliards la même année.

Le 8e Forum économique des diasporas africaines organisé dernièrement en France par Africagora, a également indiqué que vingt-cinq milliards d’Euros sont transférés en Afrique chaque année.

Cependant à cause des tracasseries, du manque d’initiatives, avec la mauvaise publicité que nous faisons nous-mêmes contre notre propre pays, aucun africain, aucun congolais ne voudrait de lui-même venir investir dans son propre pays.

A considérer pourtant le nombre des e-mails, des mémos et des projets que nous recevons au jour le jour, nous pouvons affirmer qu’il y a une réelle volonté de la part des Congolais de l’Etranger de pouvoir répondre à l’appel du Chef de l’Etat et du Premier Ministre en vue de contribuer au processus de développement de notre pays.

Excellences Monsieur le Vice Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, Mesdames et Messieurs les Fonctionnaires et Hauts Cadres du Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale,

Devant cette volonté affichée de renforcer la mobilisation des Congolais de l’étranger en vue de leur contribution au développement du pays et leur intégration à la vie nationale, je vous suggère à vous les hommes de terrain, de participer à cette révolution que leurs Excellences Messieurs le Chef de l’Etat et le Premier Ministre ont mis en place.
Notre devoir à tous est d’aider à matérialiser cette volonté politique sur deux volets à savoir l’intégration et la valorisation des compétences autour de :

1° La Gouvernance Politique : il s’agit d’examiner comment faire participer à terme les Congolais de l’étranger au processus démocratique.

2° La Gouvernance Economique dont les variables sont :
le partenariat avec nos amis et investisseurs étrangers ;
l’implication suivant leurs spécialités des Congolais de l’Etranger au sein des commissions mixtes au pays comme à l’étranger, sur des questions économiques ou financières, de Migrations et Développement aux côtés des Experts du Gouvernement.

3° La Gouvernance Sociale à travers le soutien à leurs initiatives d’associations et d’ONG tout en les utilisant là où vous ne pouvez pas aller vous-mêmes.

Excellences Monsieur le Vice Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, Mesdames et Messieurs les Fonctionnaires et Hauts Cadres du Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale,

Les difficultés actuelles à obtenir les documents consulaires à cause du coût élevé de leur carence contribuent dans une large mesure à augmenter le nombre des irréguliers et de mécontents parmi les Congolais de l’Etranger. C’est ainsi que je plaide à ce sujet pour :
une réduction des contraintes administratives en échange d’un Laissez-passer ou d’un Certificat d’Attaches pour augmenter la fluidité de tous les congolais de l’étranger qui désirent investir au pays,
une réduction des coûts et l’uniformisation de tous les actes consulaires parallèlement à cet engagement du Gouvernement d’améliorer vos conditions de travail,
une réforme de la fonction consulaire suivant le programme pilote que nous sommes entrain d’expérimenter au niveau de la mission de Paris (identification, visites consulaires, assistance juridique, sélection des leaders d’opinion, des sportifs, etc.).

Excellences Monsieur le Vice Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, Mesdames et Messieurs les Fonctionnaires et Hauts Cadres du Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale,

En prévision du regroupement des missions diplomatiques, eu égard au fait que les Congolais de l’Etranger se plaignent déjà de très longues distances à parcourir pour obtenir un passeport, il y a lieu d’intégrer cette préoccupation lors des débats dans la commission de reforme de l’appareil diplomatique.

Il va donc, également, falloir examiner la possibilité de réorganiser la fonction du Consul Honoraire qui travaille d’ailleurs sous l’autorité directe des Chefs de missions, que vous êtes, avec le double avantage de :

contribuer à l’essor économique de notre pays,
suppléer, à leur propre charge, au vide qui sera ainsi créé comme relais ou suppléants.

Excellences Monsieur le Vice Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, Mesdames et Messieurs les Fonctionnaires et Hauts Cadres du Ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération Internationale,

Je plaide encore une fois pour la création d’un fonds ou d’une caisse de solidarité dans nos Ambassades pour les cas d’urgence concernant les Congolais de l’étranger.

Je vous remercie. - (Fin de texte)

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