Les Nations Unies qui en ont assuré la facilitation estiment qu’il y une « avancée importante ». De quoi citer le Secrétaire général Ban Ki Moon soutenant que le communiqué conjoint signé par les Ministres des Affaires Etrangères de la RDC et du Rwanda offre « une opportunité de résoudre de manière globale les problèmes fondamentaux que posent les groupes armés irréguliers présents dans l’est de la RDC ». Plus d’un restent d’avis que la situation dans les deux provinces du Kivu reste « volatile ». Ce qui, oblige à s’organiser pour que cette perspective de paix ait tout son sens. Tout compte fait, la République Démocratique du Congo voudrait que le Rwanda demeure dans le respect des termes auxquels il a souscrit en signant le communiqué conjoint de Naïrobi.
Charles Murigande signant le même accord que son homologue congolais
Communique conjoint
du Gouvernement de la République Démocratique du Congo
et du Gouvernement du Rwanda
sur une approche commune pour mettre fin a la menace pour la paix
et la stabilité des deux pays et de la Région des Grands Lacs
Nous, le Gouvernement de la République Démocratique du Congo et le Gouvernement du Rwanda, réunis à Nairobi le 9 novembre 2007, avons décide d’une approche commune à l’égard de la menace posée à notre sécurité et notre stabilité par les Ex-FAR/Interahamwe[1]. Cette réunion a été facilitée par les Nations Unies en présence des représentants des Etats-Unis et de l’Union Européenne.
En conformité avec les engagements pris dans l’Accord de Cessez-le-feu de Lusaka de 1999, qui a défini les modalités pour le désarmement et le rapatriement de tous les groupes armes étrangers opérant sur le territoire de la RDC, y compris les Ex-FAR/Interahamwe; l’accord bilatéral signe à Pretoria le 30 juillet 2002 entre les Gouvernements de la RDC et du Rwanda; les principes de relations de bon voisinage et de coopération entre la RDC, le Burundi, le Rwanda et l’Ouganda du 25 septembre 2003; le Pacte sur la Sécurité, la Stabilité et le Développement dans la Région des Grands Lacs du 15 décembre 2006; et les différents engagements pris dans le cadre de la Commission Tripartite plus, en particulier à Lubumbashi le 8 juin 2007 et à Kampala le 17 septembre 2007 pour éliminer la menace des groupes armés illégaux par des moyens pacifiques ou militaires; prenant en compte le plan d’action présente le 3 octobre 2007 par le Gouvernement de la RDC pour régler le problème des ex-FAR/Interahamwe et la réponse et contre-proposition formulée à l’égard de ce plan par le Gouvernement du Rwanda ;
[1] Le terme ex-FAR/Interahamwe dans ce texte se réfère a tous les groupes armés rwandais sur le sol Congolais, quel que soit le nom qu’ils se donnent (ex-FAR, Interahamwe, ALIR, FDLR, RUD-Unana, Rasta, etc)
Avons convenu que:
La paix et la sécurité en RDC et dans la région de Grands Lacs ne peut être atteinte qu’en mettant fin à la menace créée par les groups armés étrangers et nationaux en RDC et leurs organisations politico-militaires.
2. Les ex-FAR/Interahamwe constituent une menace majeure pour la paix et la sécurité du Rwanda, de la RDC et de la région des Grands Lacs en général, ainsi que pour la population congolaise.
3. La présence de groupes armés irréguliers congolais dans l’est de la RDC constitue également une menace pour la paix et la sécurité en RDC et dans l’ensemble de la Région des Grands Lacs.
4. Les deux pays réaffirment leur engagement à respecter et renforcer mutuellement leur souveraineté et à coopérer pour la mise en œuvre d’une approche commune afin de démanteler les ex-FAR/Interahamwe comme organisation génocidaire et militaire opérant sur le territoire de la RDC.
5. Les deux pays s’engagent pleinement à empêcher tout soutien direct ou indirect – politique, matériel ou humain – à tout groupe armé national ou étranger opérant en RDC
6. Les deux pays s’engagent à échanger toute information pertinente et à traiter les questions d’intérêt commun par le biais des mécanismes existants, en particulier le mécanisme de vérification conjoint (Joint Vérfication Mechanism, JVM) et la Commission Tripartite plus.
7. Les deux pays vont immédiatement poster les membres du JVT à Goma et Gisenyi, ainsi qu’à Bukavu et Cyangugu.
8. Les deux pays s’engagent à s’abstenir de toute propagande négative l’un envers l’autre.
9. Le Gouvernement de la République Démocratique du Congo s’engage à :
(a) Préparer pour le 1 décembre 2007 un plan détaillé pour désarmer les ex-FAR/Interahamwe et éliminer la menace qu’elles constituent. Il sera demandé à la MONUC de fournir un soutien pour la planification et la mise en œuvre subséquente en accord avec son mandat et ses moyens. Le plan sera communiqué au Gouvernement Rwandais au 1 décembre 2007.
(b) Lancer d’urgence des opérations militaires pour démanteler les ex -FAR/Interahamwe comme organisation génocidaire-militaire en RDC. Ces opérations devraient être conduites simultanément avec les opérations de démantèlement des autres groupes armés illégaux au Nord et au Sud Kivu.
(c) Identifier et utiliser les moyens nécessaires pour mettre en œuvre le plan dans ses aspects militaires
(d) Le plan inclura les éléments suivants :
i) réactivation et optimisation, parallèlement à l’exercice de la pression militaire, des efforts destines à sensibiliser les éléments ex-FAR/Interahamwe à déposer les armes et à rentrer au Rwanda ;
ii) relocalisation temporaire des éléments des ex-FAR/Interahamwe désarmés dans des centres de réception/sites de cantonnement en RDC ; enregistrement par la MONUC selon les procédures DDRRR existantes et rapatriement de ceux qui choisissent de rentrer au Rwanda ;
iii) éloigner de la frontière avec l’aide des organisations internationales concernées des éléments des ex-FAR/Interahamwe désarmés, qui ne souhaitent pas renter au Rwanda et qui ne sont pas recherchés pour génocide par la justice Rwandaise ou le tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR), jusqu'à ce que leur condition soit régularisée;
iv) arrestation et transfert au TPIR ou au Rwanda de ceux poursuivis pour crime de génocide, crimes contre l’humanité ou crimes de guerre.
(e) S’abstenir de toute déclaration de soutien à tout groupe armé en RDC;
(f) Rendre public le contenu de ce communiqué conjoint.
Le Gouvernement du Rwanda s’engage à :
(a) Prendre toute les mesures nécessaires pour sécuriser sa frontière et empêcher l’entrée ou la sortie de membres de tout groupe armé, en particulier de celui du chef de milice dissident Nkunda, et d’empêcher que toute forme de soutien – militaire, matériel ou humain – soit fourni à aucun groupe armé en RDC;
(b) Transmettre au Gouvernement de la RDC et à la MONUC une liste des génocidaires recherchés (toutes catégories);
(c) S’abstenir de toute déclaration de soutien à tout groupe armé en RDC;
(d) Encourager par le biais de programmes appropriés les membres des ex-FAR/Interahamwe et leurs proches à regagner leur pays et faciliter leur réintégration socio-économique effective;
(e) Rendre public le contenu de ce communiqué conjoint.
11.Le Gouvernement de la RDC et le Gouvernement du Rwanda s’engagent à prendre ou renforcer les mesures suivantes:
(a) Etablir un contrôle frontalier strict et empêcher tout mouvement transfrontalier illicite de combattants ou de recrues, de matériel militaire, de soutien alimentaire ou médical, pour aucun groupe armé;
(b) S’abstenir d’aider ou tolérer tout groupe armé (en armant, facilitant les mouvements, permettant le recrutement, finançant, autorisant la présence, etc);
(c) Appeler les Congolais associés aux ex-FAR/Interahamwe à les quitter immédiatement et définitivement ; les combattants désarmés qui seront reconnus comme étant Congolais ou éligibles pour acquérir la nationalité congolaise en conformité avec la législation nationale, ne seront pas soumis au rapatriement; ceux-ci seront enregistrés et une liste les identifiant sera transmise au Gouvernement du Rwanda;
(d) Coopérer afin de traduire en justice tout ceux qui seront accusés d’avoir commis des crimes de génocide, des crimes de guerre, ou des crimes contre l’humanité;
(e) S’engager à prendre toutes les mesures nécessaires pour encourager et permettre le retour des réfugiés chez eux;
(f) Les deux pays s’engagent à soutenir et à faciliter l’octroi d’assistance humanitaire aux civils en détresse, quelle que soit leur appartenance politique ou ethnique;
(g) S’engager à réduire autant que possible l’impact négatif pour les populations civiles des opérations décidées contre les ex-FAR/Interahamwe et à prendre toute mesure appropriée pour la protection des civils et s’assurer que leurs forces respectent le Droit international humanitaire et les Droits de l’homme;
(h) S’engager à partager de manière continue par le biais des mécanismes bilatéraux existants toute information sur la mise en œuvre de ses actions,
(i) Rendre public le contenu du présent communiqué conjoint.
12. Le Gouvernement de la République Démocratique du Congo et le Gouvernement du Rwanda appellent les partenaires internationaux témoins de ce communiqué conjoint, et les autres partenaires des deux parties sur lesquels elles se mettront d’accord, à :
(a) S’engager à mobiliser le soutien nécessaire pour aider à la mise en œuvre des engagements exprimés dans ce communiqué ;
(b) Soutenir activement la protection des civils et fournir l’assistance humanitaire nécessaire aux personnes déplacés, aux réfugiés et aux populations dans la détresse soient assurés.
13.Les signataires de ce communique appellent le Conseil de Sécurité à adopter d’urgence une résolution mettant en place des sanctions contre les ex-FAR/Interahamwe et appelant tous les Etats Membres a s’opposer aux collectes de fonds, à la mobilisation et aux activités de propagande des ex-FAR/Interahamwe.
14.Les Nations Unies, l’Union Africaine, l’Union Européenne et les Etats-Unis, faciliteront et suivront, avec les représentants des deux parties et les autres partenaires des deux parties sur lesquels elles se mettront d’accord, la mise en œuvre du présent communiqué.
15.La MONUC protégera, conformément à son mandat, la population civile de impact négatif des opérations menées contre le Ex-FAR/Interahamwe et s’assurera du respect des standards internationaux en matière de Droit international humanitaire et des Droits de l’homme.
* Ce document signé le 9 novembre par les deux ministres des Affaires Etrangères de la République Démocratique du Congo et du Rwanda a été contresigné pour les Nations Unies par M. Haïle Menkerios, Sous-secrétaire général pour les Affaires Politiques, Roeland Van de Geer pour l'Union Européenne, Timothy Shortley, Conseiller Spécial en Résolution des Conflits de l'Assistante Secrétaire d'Etat aux Affaires Africaines du Département d'Etat des Etats-Unis d'Amérique.*-
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