La vice Ministre des CDE à la RTBF : "il y a une multitude de défis à relever mais les moyens ne sont pas toujours à notre portée.. "

(Début texte). - Une délégation de trois ministres du nouveau gouvernement belge est en visite de travail en République démocratique du Congo. Dans une interview accordée à la radio belge RTBF, Colette Tshomba, la vice-ministre chargée des Congolais de l’étranger reprend l’essentiel de la séance de travail inscrite dans le cadre du renforcement des relations bilatérales entre la Belgique et la RDC.

la vice ministre des CDE à Daniel Fontaine (RTBF ) : ". . . un bon démarage avec la nouvelle équipe gouvernementale belge"

RTBF : Madame Tshomba, ce matin, il y a eu une visite conjointe de trois ministres belge, ce n’est déjà pas banal, comment cela s’est-il passé et quel a été l’atmosphère au cours de cet entretien ?

C. Tshomba : D’entrée de jeu, j’aimerai vous dire que la RDC est vraiment flattée et très honorée de recevoir une délégation de trois ministres, ce qui n’est pas des moindres : celui de la Défense, des Affaires étrangères et celui de la Coopération au Développement bien entendu ! Pour nous, c’est un signal fort entre nos deux pays. Ils entretiennent des liens historiques très particuliers qui ont toujours rapprochés nos deux peuples. Je crois qu’ici chez nous cela été bien reçu. Je crois aussi que c’est un bon démarrage avec la nouvelle équipe gouvernementale (belge).

RTBF : Quels sont les thèmes particuliers qui ont été abordés plus particulièrement aujourd’hui ? J’imagine que ce sont les relations bilatérales ?

C. Tshomba : Bien entendu ; du niveau d’exécution de l’aide au niveau des relations bilatérales. Il y a aussi eu des préoccupations par rapport au contrat signé avec les chinois. Nos partenaires belges ont démontré leur souci d’être informés des tenants et des aboutissants de ce contrat. Il y a également eu les problèmes du protocole autour de l’école belge signé entre les opérateurs privés belges et la République démocratique du Congo. Nous avons également parlé du problème de la suppression du poste du représentant indépendant des droits de l’homme en RDC. Voilà un peu en gros les différents points qui ont été abordé.

De gauche à droite les ministres belge et congolais des AE, Karel de Gucht et Mbusa Nyamwisi,

RTBF : A-t-il aussi été question de la situation à l’Est du pays avec le suivi de la Conférence de Goma ?

C. Tshomba : Evidement, c’est une question qui revient tout le temps. Il y a eu le souci de connaître le niveau de suivi de l’acte d’engagement de Goma tout en n’oubliant pas que la RDC est un peu bloqué à cause du fameux problème de la nouvelle liste des génocidaires présentée par le Rwanda. Cela fait qu’aujourd’hui, on est un peu bloqué dans l’exécution du rapatriement des FDLR.

RTBF : Donc, vous avez évoqué la question du contrat signé entre la RDC et la Chine, qu’est-ce qui en ressort ? Est-ce qu’il y a eu des inquiétudes émises du côté belge ?

C. Tshomba : Bien sûr, et pour cette question là, le ministre de la Défense, Chikez a dit à nos partenaires belges qu’il y avait de la place pour tout le monde ! Et que la RDC a beaucoup de défis à relever, et que tous les partenaires sont les bienvenus. Nous étions quand même à un moment où l’on voudrait passer aux actions pour répondre un peu aux attentes de nos populations et, nous croyons qu’il faut recourir, pourquoi pas, à de nouveaux partenaires qui ont peut être une façon de faire qui peut paraître différente de celle de nos partenaires traditionnels.

RTBF : De ce point de vue là, est-ce que l’engagement de la coopération belge est considéré comme suffisante, comme correcte ou, est-ce qu’il y a des améliorations à apporter?

C. Tshomba : Je viens de le dire. Les défis sont énormes. Les chantiers sont vastes. C’est vrai que la Belgique s’implique. Elle s’est impliquée déjà à travers l’Union européenne pour l’organisation des élections. C’est vrai qu’au niveau de l’aide indirect, dans le multilatéral, la Belgique contribue certes, mais vous savez que les problèmes sont énormes et que l’aide au développement aussi peut être augmentée! Elle serait la bien venue… Et peut être même des appuis particuliers, comme par exemple le partenariat qu’il y a entre nos deux ministères de la Défense qui est très apprécié. En tous cas, le ministre Chikez a beaucoup insisté sur cette façon de faire qui contribue à des solutions avec impact visibles. Et je crois que ces genres d’attentes sont effectivement très nombreux. Et l’on espère que la coopération belge va suivre.

RTBF : On peut comprendre que c’est avec une sanction très positive que le ministre Pieter De Crem termine avec tous les engagements pris en matière de formation des militaires congolais ?

C. Tshomba : Oui, tout à fait. C’est très concret. Il y a moyen d’évaluer l’impact sur le terrain. C’est ce genre de partenariat auquel on devrait arriver ou encourager.

RTBF : Et avec des procédures peut-être plus courte et rapide …

C. Tshomba : En tous cas à impact visible, avec des objectifs et, pour atteindre des résultats qui puissent être perceptibles pour les deux partenaires.

RTBF : Comme le font les chinois, là ils ont déjà lancé des chantiers. Cela a commencé ?

C. Tshomba : Il ya des chantiers qui ont déjà démarré comme la réhabilitation de Kasumbalesa. Et puis il y a aussi d’autres chantiers qui démarrent.

RTBF : Autre question. Je vois que dans la presse il y a des rumeurs sur le départ du 1er ministre. Est-ce que c’est fondé ?

C. Tshomba : Heureusement que vous parlez de rumeurs. Vous savez les rumeurs c’est des rumeurs !

RTBF : Donc cela ne repose sur rien ?

C. Tshomba : C’est des rumeurs.

RTBF : Pour vous le gouvernement congolais travaille normalement ?

C. Tshomba : Il y a des efforts qui sont en train de se faire. Autre chose est qu’il ya des multitudes de défis à relever avec des moyens qui ne sont pas toujours à la portée, des partenaires qui devaient nous appuyer normalement et qui traînent les pieds. Mais malgré tout, la volonté politique est là. Et je crois que dans tous les cas il faut répondre aux attentes de la population. Il s’agit d’un gouvernement issu des élections, qui a un mandat et qu’il devra rendre des comptes et qui pourrait être sanctionné à temps opportun. C’est-à-dire : aux prochaines échéances électorales…

On vit des réalités qu’il faudrait prendre en compte. Bien entendu, il faut aussi avoir les moyens nécessaires, la volonté qui faille, l’expertise et les compétences requises pour que la population commence à se retrouver.

RTBF : … et qui a rencontré pas mal des difficultés. Cela fait vingt mois à peu près que les élections ont eu lieu… et c’est une mise en route qui est difficile.

C. Tshomba : Difficile mise en route, il ne faut pas oublier non plus que ce gouvernement hérite d’une situation catastrophique depuis quatre-vingt-dix. Nous sommes dans un processus de transition et donc ce n’est pas en 2007 qu’on peut résoudre tous les problèmes d’une crise qui a duré près de 20 ans. On vit des réalités qu’il faudrait prendre en compte. Bien entendu, il faut aussi avoir les moyens nécessaires, la volonté qui faille, l’expertise et les compétences requises pour que la population commence à se retrouver.

RTBF : D’où d’autant que la situation de ce pays est toujours difficile ; il y a eu la Conférence de Goma qui a fait un certain résultat. Le problème c’est peut être les concrétisations sur le terrain. On a vu la qu’il y aurait dû y avoir une rencontre entre le Président Kabila et son homologue rwandais, mais Mr Kagame n’est jamais arrivé à New York… ça veut dire que ça reste difficile, les relations entre la RDC et le Rwanda ?

C. Tshomba : … Ecoutez, c’est vous qui les dites.

RTBF : Vous ne faites pas des commentaires là-dessus…

C. Tshomba : Je préfère, puisque c’est clair ce que vous venez de dire.

RTBF : … acceptation…
Pour résumer : les relations bilatérales entre la Belgique et le Congo sont satisfaisantes mais, on peut mieux faire ?

C. Tshomba : Je crois qu’on est dans un partenariat et c’est une longue histoire d’amour et je crois que mieux le Congo se portera, mieux la Belgique se sentira. Nous sommes liés. Et comme le disait encore la première dame en paraphrasant cette histoire de Ndata Nsangu, c’est : ‘‘Je t’aime, moi non plus’’…, et nous sommes liés. (Fin de texte) retranscription minaffeci/22 avril 2008.